J'ai pu assister toute la journée de jeudi 20 novembre à la conférence européenne de ARM, qui se tenait à Paris, tout prêt de la tour Eiffel. Le programme était lourd et a priori fort intéressant et les partenaires nombreux et de qualité. Je ne connaissais absolument pas ce rendez-vous de l'informatique embarqué, dont je me demande même s'il a lieu toutes les années en France (j'aurais dû demander, certains étaient manifestement des habitués de l'événement) ; en fait, c'est par le biais d'OK-Labs que j'ai appris l'existence de cette manifestation. La rencontre s'est déroulée depuis le matin, vers 9h00 (je suis arrivé à peine plus tard) et a duré jusqu'à 18h45 environ ; j'ai pu assister à cinq conférences techniques.

A mon arrivée, je me vois offrir, outre un porte-badge plein de poches pratiques, un sac en tissu simple contenant déjà quelques tracts et un programme de la matinée (les sessions sont nombreuses, quatre à chaque fois, et on rappelle sur le badge quelles sont celles pour lesquelles on s'est inscrit), mais surtout, un sac pour PC portable à deux grandes poches, très pratique et de fort bonne qualité : on ne se moque pas du monde, chez ARM ! L'organisation sera parfaite de bout en bout, enfin si j'avais pu savoir où rendre ma feuille de sondage d'opinion à temps j'aurais pu participer au tirage au sort, dommage (de manière fort amusante, je remarque que près de deux goodies sur trois à gagner tourne sur du Linux embarqué !). Parlons donc rapidement, puisqu'on y est, du repas : asiatique ou crustacés (même... des huitres !), j'aurais été subjugué par la fontaine à chocolat : il faut absolument penser à donner une prime à la dame qui a impulsé l'idée !  :)

Je fais un premier tour rapide sur les stands avant d'arriver enfin aux premières conférences communes (outre les cinq techniques, donc) : je n'avais pas imaginé que le nombre de participants serait si grand ! D'ailleurs, comme il y a finalement assez peu de temps libre pour y passer -- trois fois quarante minutes, grosso modo -- je n'ai malheureusement pas pu aller sur tous les stands, dommage. Je commence donc véritablement avec une première intervention de NXP (Geoff Lees, lis-je sur mon programme, je n'ai malheureusement pas eu de slides des interventions -- en fait je me demande même s'il y avait un moyen de les récupérer, peut-être ai-je rêvé --, mais j'ai envoyé un mail au contact ARM pour savoir s'il était possible de les obtenir : on devrait me les envoyer par CD ! :)  ), "The ARM Microcontroller (R)evolution" ; NXP vise à obtenir une rétrocompatibilité binaire parfaite entre ses MCU sur base ARM, je ne sais pas si c'est une si bonne idée (les casseroles du x86 ?), mais en tout cas ça révèle quelque chose que l'on reverra souvent : moins on fait appel au développeur software (même pour une recompilation simple !), et mieux on se porte.

Il me semble d'ailleurs que c'est Semir Hadda, le manager du marketting de STMicroelectronics, qui a traumatisé l'assistance en affirmant qu'il fallait commencer le développement logiciel le plus tôt possible, car c'était là où tout se jouait, à l'heure du hardware peu cher et plus facile qu'avant à obtenir ; penser d'ailleurs à la phase d'optimisation software avant d'augmenter la puissance hardware. Le message est dans la même ligne que celui de Reinhard Keil, le directeur des outils MCU chez ARM, avec sa conférence "ARM Microcontroller: Strategic view". Il ressort de tout cela que les acteurs en ingénierie embarqué sont par exemple intéressé à 70% par des outils de débuggage performants, et ce avant même la considération des performances et de la robustesse des produits : on sent le time to market et la solidité des développements softwares devenus de plus en plus complexes au coeur des attentes -- et des craintes ? -- des différents acteurs.

D'économie de marché, il en a été fortement question avec l'intervention de Malcolm Penn, le CEO de Future Horizons, qui avec "Vision 20:20... Designing Tomorrow's Systems Today", nous a expliqué qu'il a déjà vu des crises, que c'est cyclique, et que l'on est effectivement en train de plonger -- ça coupe avec l'optimisme affiché des précédents intervenants, avec leurs graphiques tous exponentiels !  Il n'y a pourtant pas de quoi s'inquiéter, apparemment : si des gros ont déjà disparu par le passé, cela peut toujours arriver maintenant (j'apprendrai plus tard que Atmel a eu chaud, récemment : pourtant leurs produits sont réputés excellents !), mais le marché survit et se restructure (on dirait presque du Friedman avec une touche de pragmatisme, mais on n'en sort pas bien rassuré tout de même). Il nous entretient ensuite de l'importance capitale, à ce niveau, de la R&D : celui qui ne suit pas meurt, c'est aussi simple que cela, et il faut à l'heure actuelle deux à trois ans pour sortir quelque chose de viable. C'est-à-dire que si une société s'avise de couper dans le budget de l'innovation sur ses MCU, à la nouvelle génération, soit deux à trois ans plus tard (durée qui tend à s'allonger, ce qui représente un problème pour l'arrivée de nouveaux concurrents), cette société disparaîtra brutalement, alors que jusque là tout pouvait aller fort bien. Voilà un avertissement qui a le mérite d'être clair. Cependant il parle très vite (ça part dans tous les sens, d'ailleurs) et ses slides sont plein à ras bord, il saute beaucoup de choses, bref j'espère que l'on pourra retrouver quelque part son analyse et se pencher dessus.

Ainsi s'achève la première session de mini-conférences communes, vers 11h20 ou 11h30. Je peux donc commencer la visite des stands, et en fait le temps passe fort vite en compagnie des intervenants de Virtual Logix ; il faut dire que la paravirtualisation est toujours mon sujet favori, ce qui donne donc lieu à des échanges intéressants (nous parlons notamment d'une fonctionnalité avancée de redistribution à chaud de mémoire vive entre les différentes VM). Qui plus est, le positionnement de Linagora sur le marché peut tout à fait intéresser de manière complémentaire des sociétés proposant du logiciel très embarqué (l'hyperviseur est sous le noyau, avec des impacts au niveau drivers, on est loin du userland !), dont la spécialisation ne peut proposer aux clients souhaitant un système complet (j'ai déjà travaillé sur des projets avec des pages web CGI, par exemple : on peut aller jusqu'à un niveau assez élevé, en embarqué !), ce à quoi Linagora peut tout à fait répondre avec notre équipe d'experts en Linux embarqué. Il est 11h50 : l'heure de rejoindre le rez-de-chaussé (le principal du forum se passe au niveau -1 de CAP15) pour assister à la première conférence technique, menée par Nick Sampay : "Using trace to optimize system performance".

On aurait pu croire à une présentation du debug software en utilisant sondes J-TAG ou autres moyens, mais en fait c'est du hardware dont il va être question, plus exactement de l'organisation des bus et buffers pour dumper registres et pipeline, jusqu'à une éventuelle sortie sur port J-TAG. On est très enfoui, et même si c'est intéressant, un certains nombre de personnes quittent prématurément l'assemblée en se rendant compte que ce n'est pas pour eux ; ce n'est pas vraiment pour moi non plus, mais l'aspect de culture générale n'est pas inutile. Dommage cependant que ce n'étais absolument software, peut-être aurais-je dû aller à "Optimizing Software using ARM tools - profile driven compilation", mais je pense que ça aurait été essentiellement de la publicité pour RVDS, et j'en aurai de toute façon eu pendant encore les deux sessions suivantes...

Durant la pause déjeuner, je rencontre un ingénieur de Trango Virtual Processors, et malédiction, comme un certain nombre d'intervenants, il n'avait pas ou plus de carte de visite, je ne me souviens donc déjà plus de son nom -- nous avons commencé à travailler en même temps pour la société, mais on avait dû se croiser que très rapidement, d'ailleurs j'ai appris que j'avais été le premier "extérieur" à travailler sur Trango, et le premier à expérimenter le développement à distance. C'est l'occasion d'évoquer le rachat récent par VMware : il m'est confirmé que l'entreprise est à présent entièrement la possession du leader américain de la virtualisation (propriétaire), et n'entretient donc plus aucun rapport (déjà très symboliques) avec le groupe Elsys. La société voit cela comme une reconnaissance d'un très grand acteur du marché (c'est plus de 1600 personnes, VMware !) de sa solution, qui rappelons-le est codée à partir de zéro, contrairement aux autres compétiteurs du secteur (VLX et OKLabs se sont basés respectivement sur les microkernels ChorusOS et L4, quant à Sysgo ils ont récupéré leur kernel pour aéronautique PikeOS), lui assurant la plus petite empreinte mémoire (15~20Ko). C'est l'analyse que j'ai aussi faite ici-même.

Je rencontre aussi durant cette pause, et pour la première fois, l'équipe d'OK-Labs. Du moins la fort charmante Brenna Walters, venue tout droit du bureau de Chicago (mais elle est originaire de LA, pas tout le monde n'est australien chez OK-Labs, manifestement !), qui s'occupe justement de la communauté Open Source. Et distribue les T-shirts "I run in privileged mode", phrase d'un humour hautement geekesque... inspirée par elle-même ! Evidemment, nous parlons boutique, puisque mon ancien stagiaire a travaillé durant six mois sur leur produit OKL4, un hyperviseur de paravirtualisation que l'on aura pu tester, comprendre, et pour lequel Linagora aura montré son intérêt et son investissement actif dans la communauté (ML, wiki d'aide, etc). Et puis Abi Nourai, qui prend la direction technique en Europe, à Vélizy (avenue de l'Europe, justement, côté Auchan pour situer), mais qui avait quelques rendez-vous toute la journée : je n'ai donc pu le croiser que fort rapidement à ce moment-là, et ce n'est que plus tard que nous aurons eu la possibilité de faire plus ample connaissance.

En attendant, l'après-midi débutant, c'est à la conférence "Moving to 32 bit MCUs and High Level Programming" que je me suis rendu, la présentation étant toujours assurée par Nick Sampays de ARM.Nous parlons en réalité uniquement de ce que propose Keil pour ce faire. En fait, cette compagnie rachetée en 2005 concentre à présent les outils de développement pour ARM, et on passe donc en revue MDK (Microcontroller Development Kit), avec son compilateur RealView (que je connais fort bien : j'ai eu l'occasion de travailler dessus, pour Trango justement -- et NXP indirectement --, et j'ai entièrement lu les centaines de pages de documentation autant de armcc que de armlink et leurs autres logiciels de la suite), son IDE µVision (qui de base n'a rien de bien original, mais présente des aspects très intéressants : chargement de code sur cible via J-TAG ou simulation du device en deux clics -- avec débuggage facilité --, options de compilations en clickodrome, couverture de code avec statistiques d'exécution, ou encore un analyseur logique qui présente des graphes dans l'idée d'un oscilloscope), sa bibliothèque C avec son pendant très allégé Microlib (on est dans l'idée de la µClibc, mais on annonce 92% de réduction d'utilisation mémoire !), et enfin le câble J-TAG ULINK2. Une grosse page de publicité qui dure 40 minutes, comme toutes les conférences techniques (et non commerciales :)  ).

Problème : il semblerait que au moins µVision (et peut-être les autres logiciels ? Pour RVDS, je sais qu'une version Linux existe, puisque je l'avais) ne soit disponible que sous Windows, en fait on ne parle même pas de l'OS d'accueil, et très généralement tout le monde présente des outils sous Windows dans les stands et les communications (à noter que OKLabs n'utilise que MacOS X, et que Trango est sous Ubuntu). Aussi, Reinhard Keil (mince, de la société Keil, je comprends mieux pourquoi c'est le directeur !) lorsqu'il nous présente la conférence suivante est aussi Windows-centré (on aura même droit à un soft pour éclairer/éteindre des LED d'une carte de dev, compilé en Visual C++... Berk). "ARM Real-Time Library: Facing Embedded Technology Challenges" était alléchant pour la même raison qu'un peu tous les acteurs en R&D embarquée recherchent des outils déjà existants pour réduire le fameux TTM (c'est après les outils de debug l'une des plus importantes attentes). En fait, on va nous parler de RTX, le mini-noyau temps réel de ARM/Keil. Libre de toute royalty, et pesant entre 1,5 et 5ko tout dépend de ce que l'on y met dedans, c'est l'occasion de renouer avec un monde industriel où le hardware est toujours roi : explication de ce que sont UDP et TCP (avec différences), d'Ethernet (avec connexion par PPP, SLIP et dial-up), on évoque aussi les serveurs http avec CGI (quand je disais que c'est à la mode...), le telnet ou le TFTP, le SMTP ou DNS, bref des choses bizarres pour l'électronicien (raté, c'est bien connu), mais tellement standard pour l'ingénieur informatique je pouffe intérieurement de rire lorsque l'on présente cette révolution : "TCP network provides easy solution to connect to the world". Ca remet les idées en place. RTX fournit un file system pour flash (RL-Flash), un support des différentes piles USB par RL-USB (HID/MSD/Audio, l'occasion de présenter rapidement cette grande avanceé qu'est l'USB...), et même un support du bus CAN (RL-CAN, on l'aura deviné). Possibilité d'obtenir les sources dans la version deluxe que l'on imagine plus chère, à l'exception de la pile TCP/IP (toujours la partie sensible...). Je rêve d'une comparaison de tout cela avec RTEMS.

45 minutes de pause, je passe par NXP qui présente sa série LPC (IDE sous Windows) avec un anglais néerlandais qui n'invite pas trop à s'attarder, puis je vois Texas Instrument, et c'est la révélation. Car TI (France, à Villeneuve-Loubet, près de Nice, mais ma première interlocutrice Marie-Claire Desjardins, dénuée de carte de visite, m'a bien dit venir de la banlieue parisienne) n'est pas seulement très intéressé par Linux embarqué -- et sur leur stand, une télé diffuse justement les applications graphiques lancées sur une carte : ce qui les attire, c'est le communautaire ! Aussi peut-on lire en cinq pages un document "TI Linux and Open Source Initiative Backgrounder", et pour bien montrer leur engagement, une carte de développement à base de ARM Cortex-A8 est présentée : cette carte n'est pas banale puisque ses spécifications sont entièrement ouvertes, dans un projet communautaire, pour un mini-prix de 149$. En revanche, pas de port Ethernet et un seul USB OTG (on-the-go, c'est-à-dire qu'il peut tout faire, host, target ou audio), mais en échange une sortie HDMI/DVI et une autre S-Video : c'est que l'on peut faire de la 3D avec ce genre de MCU. En effet, les OMAP font partie des choses fabuleuses que l'on peut rencontrer dans l'embarqué (j'ai travaillé moi-même sur le Sagem MO300e, toute la partie système Linux "distribution maison" vient de moi, sur un OMAP730, d'après la photo de famille) : à présent la série des OMAP35x est considérée comme quatre fois plus puissante que la génération précédente des ARM9 (cadencés jusqu'à 450Mhz, mais chez OMAP, on est passé directement aux ARM11 à 330Mhz), et quand on pense qu'avec les 200Mhz de mon processeur je faisais booter en dix secondes un Linux 2.6.19 virtualisé avec un nucleus, noyau Linux qui démarrait dans sa séquence d'initialisation un serveur http (lighttpd) et un autre ssh (dropbear), on imagine alors les possibilités de ce Cortex ! (il va certainement conquérir le monde) Je repars avec beaucoup de documentation (disponible à mon bureau).

L'échange avec TI fut des plus enrichissants, et partageant des visions communes, j'espère très fortement que nous pourrons travailler ensemble. D'ailleurs, ce type de partenariat entre fournisseur hardware et développeurs software pouvait se rencontrer à peine plus loin, sur le stand d'Antycip, qui ne faisait pas que montrer ses belles cartes de développement professionnelles (prévoir de la place pour en stocker une !), mais faisait aussi la publicité de Montavista, dont on ne distribuait pas seulement des yoyos lumineux (avec un système de dynamo : ça c'est goody !) : la plus célèbre des sociétés en Linux temps-réel est en effet recommandé et présentée sur les stands d'Anticyp comme leur intégrateur de Linux embarqué/RT de préférence, et vice-versa. Leur solution de développement et d'intégration sous Eclipse (qui reste un "must-see" : en quelques clics, on se construit un file system complet !) bénéficie par ailleurs d'une diffusion sur écran plasma géant. Cela me donne l'occasion de parler de stratégies (d'alliances, de partenariats), de perspectives (on me confie qu'en réalité le gros du chiffre d'affaire est effectué par la vente massive à des clients très nombreux de microcontrolleurs de faibles performances, et qu'en fait le nombre d'acteurs sur des secteurs tels celui concernant l'ARM Cortex-A8 est très petit, mais cela est compensé par la diffusion massive en millions d'exemplaires des solutions obtenues, eu égard au type d'applications visées), d'état du marché (certains ont eu très chaud cette année, comme je disais plus haut). Malheureusement, encore un qui n'avait plus de cartes de visite, mais il aura eu la mienne (très... artisanale, c'est vraiment la crise pour tout le monde :)  ). Je me précipite alors, avec un peu de retard, à la conférence sur "Software driven low power optimization for ARM mobile architectures/Multimedia processors power management".

Le premier intervenant est de la société Synopsys (intéressant comme nom !), mais je n'ai pas pu noter son nom (en revanche son prénom est Markus) ; il nous préconise de démarrer le développement logiciel as soon as possible (on continuera tout le temps à parler anglais, même lorsque les intervenants sont francophones : il y a toujours quelques personnes dans la salle qui ne le sont pas, tandis que tout le monde parle anglais ; on y repensera très fort la prochaine fois que l'on médira sur notre système scolaire), ce qui ne va pas sans traumatiser les décideurs hardware, mais c'est ainsi : il nous montre avec une courbe que si l'on démarre tôt, on aura le temps, après avoir ajouter des fonctionnalités demandées qui vont charger la mule (soit le CPU), d'optimiser cette partie software, et ainsi de ne pas avoir ni à augmenter la puissance du hard, ni à perdre en puissance disponible (tant en terme de calcul que de durée de batterie). Je ne peux qu'approuver, et il ajoute même que "Software rules power consumption", voilà qui a le mérite d'être clair. Il vante en outre les mérites de la simulation, et donc du profiling. Marie-Claire Desjardins, de Texas Instrument (Engineer, pas commerciale), nous parle ensuite de "the flexible dynamics of power management in multimedia processors", et nous démontre encore en deux coups de cuiller à pot que TI est très impressionnant dans son domaine. On nous présente le système TI SmartReflex, qui permet de diminuer à la volée le voltage pour diminuer les pertes (dynamic voltage and frequency scaling -- DVFS -- et l'adaptive voltage scaling -- AVS), et dispose de deux systèmes complémentaires : le Dynamic Power Switching (DPS, on arrête ou réduit des parties lorsqu'elles sont inutilisées, avec une détermination à chaud) et le Static Leakage Management (SLM, on met le processeur dans un état de veille prolongée en un clin d'oeil, afin de prolonger pendant plusieurs jours la durée de vie de la batterie : c'est ce que l'on trouve par exemple, à mon avis, sur le N770 dès lors que l'on referme le clapet). Ces technologies avancées sont disponibles sur l'OMAP35x, ce qui prouve que je ne disais pas des bêtises en le qualifiant de merveille de l'embarqué. On trouvera sur le sujet (avec des graphes identiques) des papiers sur powermanagementdesignline ou son équivalent pdf sur ti.com.

Il est alors l'heure de passer à la dernière conférence, sur la paravirtualisation. La première partie est assurée par le fraichement nommé European Technical Director d'OK-Labs Abi Nourai : "design a better feature phone with paravirtualization". Son propos est simple, et c'est celui que je soutiens depuis de années pour ma part : l'augmentation des fonctionalités attendues par les appareils est en constante augmentation, à tel point que l'on en arrive à des OS de type "desktop-like", tels MacOS (iPhone), Windows (Mobile/CE) ou Linux. Et aussi à une attente d'ouverture (possibilité de configurer/rajouter des fonctionalités propres à l'utilisateur), qui ne va pas sans impact au niveau de la conception software (il serait facheux, par exemple, puis-je préciser, qu'un utilisateur lambda de téléphone puisse transformer son appareil en brouilleur). Aussi, nous sommes partis de systèmes d'exploitation simples, et à présent ils sont très sofistiqués. Cependant, les piles de communications représentent de gros investissements, et le re-engineering augmenterait de facto le Time to Market, ce que l'on ne peut jamais se permettre. La solution est alors de faire appel à la paravirtualisation (ou comment ménager la chèvre et le chou dans deux espaces mémoires séparés). OKL4 est alors rapidement présenté -- on évoque rapidement sur les slides le trop peu connu FASS (Fast Adress-Space Switching : je ne trouve pas de lien probant sur le net, c'est toujours une galère sans nom de trouver des informations dessus !), mais on n'ira pas aussi bas dans le discours. Ce qui est certain, c'est que OpenKernel Labs attaque fort niveau stratégie : plus de 200 millions d'appareils (devices) contenant leur solution actuellement distribués, ils tablent sur 250 millions à la fin de l'année, notamment grâce au HTC Dream (G1) qui fait tourner un Linux Android ! Ils ont de plus une "agressive roadmap" (je me mets à parler franglais, c'est pour ma future carrière de commercial) pour la preuve formelle de sûreté de fonctionnement ("correctness", c'est moins fort que la sûreté peut-être, mais comme rien de précis n'a été indiqué... On peut penser à EAL 5 ou 6). OKLabs se définit actuellement comme le leader du marché.

C'est alors au tour de Jean-François Roy de Trango (déjà rencontré sur le salon RTS 08, il est entré après moi chez Trango, je n'ai donc jamais travaillé avec lui, contrairement à Pierre Coulombeau ou Bruno Zoppis, qui s'occupaient avant des salons français, et sont manifestement devenus globe trotters hors France à présent : Trango a d'ailleurs une entité d'une vingtaine de personnes aux USA, soit une bonne partie des salariés de la société !) : si avant la dernière conférence de la journée chacun disait expédier sa présentation en largement moins de 20 minutes, finalement ils mirent chacun une bonne demi-heure. Pourtant, "achieving drivers portability through platform virtualization" (hhmm, driverS ?) ne parla pas technique, du moins on a juste évoqué les possibles répercussions à la fois sur le code -- le plus petit du marché, 20 à 30 Ko -- de Trango ou sur celui du noyau qui doit utiliser la mémoire partagée par ledit driver pour récupérer des piles ou autres, sans énumérer lesquelles. En fait, on a plutôt parlé du pourquoi d'une idée aussi saugrenue (GPL, ABI d'un pilote fermé qui n'est plus en adéquation avec celui d'un nouveau kernel), et de ses mérites logiciels, comme l'indépendance à l'OS ou l'invulnérabilité de celui-ci à un crash éventuel du driver, porté hors noyau (on évitera ainsi un panic/Oops sous Linux). On insiste en tout cas surtout par le rachat récent par VMware, datant du 14 octobre (et rendu public le 10 novembre), d'ailleurs toutes les slides ont migré sur le modèle bleu ciel VMware !

C'est ainsi que s'achève cette journée du ARM European Tecnhnical Conference. Enfin, je fais tout de même un dernier tour des stands, et comme je discute avec un ingénieur d'Adeneo, qui serait notre concurrent direct en terme de développement et intégration spécifique de Linux embarqué (mais dans une optique SSII forfait/prestation à 70%/30%, proche de l'industrie lourde, essentiellement basé à Lyon et un peu à Massy, pour ce que j'ai compris), je rate le tirage au sort. Je termine ma soirée en compagnie d'Abi et Brenna d'OKLabs, qui aurait bien bu une bière avec moi (ou plutôt un lait-fraise pour ma part), mais j'avais malheureusement quelqu'obligation : ce n'est que partie remise ! En tout cas, nous avons fait deux photos que j'espère pouvoir récupérer et publier ici-même. Très, très bon contact avec nos amis d'OKLabs, ce qui confirme la fort bonne impression des précédents entretiens téléphoniques et par mail que nous avions pu avoir ; j'espère que nous pourrons un jour proche travailler sur des projets communs.

En conclusion on peut remercier amplement (ce que j'ai déjà fait là-bas et pas mail) l'équipe organisatrice de ARM, et j'ai pour ma part gardé le ARM bag (mieux qu'un handbag ! :)  ). J'ai été surpris par le très bon format de l'événement, finalement on aurait fort bien pu y emmener notre PDG, mais je ne pouvais pas le savoir avant ; peut-être pourrions-nous y exposer l'année prochaine, les stands concentrés sur le logiciel pur étaient peu nombreux mais tout de même présent, c'est à voir, donc (dans tous les cas, je ne pense pas qu'une exposition à RTS soit souhaitable, par exemple : l'événement aura lieu strictement en même temps que solution Linux, à quelques mètres de là ; en revanche je vais relancer le responsable des conférences). Il est seulement regrettable de n'avoir pas eu assez de temps, avec les conférences, pour faire le tour de tous les stands (comme le montre la dernière photo prise juste à la sortie d'une conférence, les rangées étaient plutôt vides durant celles-ci, alors qu'il était difficile de se déplacer pendant les pauses avec l'assistance très nombreuse). La documentation rapportée a déjà pu être redistribuée à ceux qui ont montré un vif intérêt (celle de TI pour l'instant remporte le plus de succès ; je pourrai en outre mettre à disposition le CD avec les slides dès sa réception), et certains contacts pris (ou repris) mèneront je l'espère à des relations privilégiées. Si l'on ajoute que les conférences et la prise de température générale du secteur ont pu enrichir mon point de vue sur la situation actuelle, je pense que cette journée de visite fut une expérience des plus réussies.