Très bon article des échos : "Start-up informatiques : razzia sur les pépites". Après le brain drain qui prive le pays de ses brillants cerveaux (sur mon nouveau compte linkedIn, je vois du Citrix à Cambridge, du VMWare à SF, mais je connaissais déjà du Microsoft à Redmond, et j'en passe -- c'est d'ailleurs comme ça, à mon avis, que la promotion de Génie Industriel de l'EPITA a surpassé en terme de salaires les autres filières, il ne faut pas se le cacher : allez simplement voir les salaires de techniques chez ARM outre-manche), tandis que c'est l'État qui paie la formation, l'inquiétude peut légitiment se porter sur les multiples rachats de start-ups françaises, par les américains principalement. C'était le cas d'ailleurs de la société d'un ami, dans la téléphonie mobile, par Microsoft (c'est lui qui bosse à présent à Redmond). Ça été aussi le cas de Trango Virtual Processor, où j'ai travaillé, par VMWare ; et avant ça de Mobivillage, où j'ai été stagiaire, par un groupe géant japonais (en 2004, pourtant, mais la téléphonie mobile, c'est impressionnant là-bas). L'année dernière, on notait sur le salon RTS le rachat de Polyspace par Mathworks (notons qu'avec un nom anglophone, ça facilite d'autant la mondialisation -- et ses effets secondaires de "concentration"). Quant à Business Object... (couic, dans l'oeuf !)

Des start-ups, j'en connais aussi. Et l'investissement par levée de fonds, je connais indirectement, soit en observant du côté des entreprises, soit en discutant avec l'un de mes amis (qui effectivement investit encore plus depuis la loi TEPA). Généralement, c'est un gouffre : des millions d'Euros en entrée, pas grand chose en sortie. Pourtant, il faut bien évoluer, l'innovation est une absolue nécessité. J'avoue ne pas bien voir comment résoudre la situation. Un pacte PME acté par une loi ("investissement" des grandes société obligatoire dans les petites) peut effectivement sembler pertinent (après tout, on se bat pour des bouts de ficèles quand les grands groupes dégagent des bénéfices extraordinaires, sur des marchés souvent étrangers ou publics...). À entendre Daniel Glazman, par exemple (disruptive innovation : in English, again), les formalités, le poids de l'administration, entravent grandement la productivité (et donc l'innovation) seule (d'un autre côté, c'est notre identité nationale !). J'avoue être assez pessimiste d'une manière générale sur l'entrepreneuriat à l'heure actuelle ; d'ailleurs je pense que toutes les sociétés rachetées ne faisaient pas un sou de bénéfice (ah, les levées de fonds à 2 ou 4 millions d'Euro, malgré la collection de projets estampillés "Européens" ou les CIR à en pleuvoir...). Vraiment, je ne vois pas. Mais de la technologie qui s'en va à l'étranger (même en restant sur le sol national), ce n'est jamais très bon signe.

(c'est quelque part une sécurité à Linagora : je sais qu'on ne se vendra jamais, question d'hommes)