Très bon cru pour cette session 2010 du salon RTS. Certes la période des années 2000 est définitivement résolue, et le hall 8 de la porte de Versailles pour être rempli fait toujours appel aux pendants M2M (communications de Machine à Machine) et Display (composants d'affichage). Les grands stands privatifs d'exposition ont disparu, mais les groupes étrangers de matériel ont fait leur apparition ; note pour les Chinois : de grands sourire et l'air avenant sont nécessaire en Europe ! Déjà que l'on présage avec appréhension une séance d'Anglais baragouiné pas bien constructive, la bonne vieille méthode de la jolie communicante a aussi toujours son succès ; même si son taux a très fortement décru aussi. Petite aparté sur la parité : c'est hautement catastrophique, dans les allées, dans les salons, sur les stands (où c'est forcément beaucoup mieux), c'est juste pire qu'avant ; compter à la louche 5% de représentation. Autre disparition aussi : les quelques rares sociétés de service (je pense notamment à Teamlog, l'année dernière, qui avait une jolie démo sur son stand, pas assez aguicheur à mon avis) ; je n'en ai compté qu'une seule, proposant de l'offshoring en Tunisie. Mais dans l'ensemble, c'est une sacrée réussite, et il faut saluer le travail d'organisation de Francis Mantes (rapidement croisé, l'appareil photo à la main).

Comme d'habitude, WindRiver avait l'entrée du salon, et NI le stand le plus grouillant de T-shirts corporate devant des démos attirantes : le pendule inversé existe donc bien en dehors des TDs Matlab de cours d'automatique... À ce propos, Matlab n'était pas présent cette année, donc Polyspace non plus, et son concurrent Coverty ne s'est pas plus déplacé (adieu le goodie de l'année !) ; ne restait plus que Emenda, comme micro-société distributrice de solutions de logiciels de couverture de code. Des cartes électroniques sont suspendues ou sous cloche un peu partout, et l'on compte presqu'autant d'Atom que d'ARM, même si à la discussion, c'est toujours les Anglais qui gagnent. À ce petit jeu, WindRiver reste tout autant agnostique que pour le non-choix entre Moblin (Intel) et Android (Google) : on se rappelle qu'ils ont été rachetés par Intel au moment où ils nous parlent de la prochaine génération d'Atom dans les cartons (Morse, si mes souvenirs sont bons). Rachetés aussi et disposant cette fois d'un stand indépendant, contrairement à deux ans auparavant où ils squattaient Neomore (toujours présents, non loin d'Anticyp), Trolltech devenu Nokia (la marque norvégienne s'est totalement effacée, mais les bureaux n'ont pas déménagé en Finlande) faisait figurer les deux même Français expatriés, et présentant une solution Qt 4.6 au succès largement plus important : voilà un rachat qui a eu du bon pour eux. Leur conférence, à 13h, le second jour du salon, a aussi connu un franc succès -- cependant, les informations réellement trépidantes ont été un peu absentes, surtout lorsqu'on apprend que le projet MeeGo, fusion de Moblin et Maemo mais sur du Qt, est très très loin d'être prêt).

L'intéraction sur les stands était fort constructives, et si aucune affaire immédiate n'a pu être rapportée -- nous sommes sur un salon de vendeurs, c'est assez logique, il faudrait son propre stand pour cela, et je ne suis pas bien certain, vu le succès des fournisseurs de service, de la pertinence par rapport au public industriel assez prudent --, des partenariats très intéressants sont clairement à attendre. L'avenir dira. On constate par ailleurs le problème récurrent de mauvaise vision des "partenaires" (ou concurrents, plutôt) entre eux, tout clairsemés qu'ils sont au quatre coins de la France, si ce n'est du monde, et ne navigant pas eux-mêmes dans les allées -- à l'exception de quelques uns, par ailleurs très notables. Passons à la page publicité pour ceux à qui j'ai promis de parler ici, parce qu'ils le méritent, parce qu'ils m'ont fort bien accueilli, ou parce qu'ils m'ont fortement intéressé.

Tout d'abord, un petit erratum pour Greenhills (à l'équipe toujours aussi sympathique), puisque dans mon précédent compte-rendu j'avais totalement fourché sur un paragraphe, à présent corrigé ; je précise au passage que seul le Pape est infaillible (sous certaines conditions, qui plus est), et je peux donc écrire des bêtises scandaleuses, que vous pouvez me pointer en commentaire ou par mail (ceci dit, s'en rappeler un an plus tard était impressionnant de la part de Serge Plagnol !). Ensuite, je voudrais attirer votre attention sur un jeune entrepreneur ayant réalisé (en PyQt !) un logiciel de création de Linux embarqué du même nom que la distribution ainsi obtenu : Yaeld (Yet Another Embedded Linux Distribution : on est geek ou on ne l'est pas). Basé sur OpenEmbedded, l'interface est extrêmement intuitive, et permet de paramétrer très finement le projet sur-mesure. Reste à sortir une version définitive du projet (très prochainement, si ce n'est déjà fait) et à arriver à le commercialiser : c'est-à-dire à se faire connaître (j'y participe) et à convaincre qu'un tel outil fait facilement gagner une semaine de production et quelques arrachages de cheveux, soit de quoi justifier un investissement de quelques milliers d'Euros. Je souhaite bonne chance à notre héros breton Thomas Jourdan. Enfin, un petit mot sur AcidOS (attention : site moche), micro-kernel très innovant, écrit from scratch sur un modèle L4 mais bien plus optimisé (en se débarrassant de la couche POSIX), pouvant relancer des services à la volée en faisant migrer la mémoire virtuelle : en cas de détection d'instabilité ou de faille de sécurité (ce sont des anciens de Hackademy, m'a-t-on dit), le service kernel (en mode protégé) peut être ainsi relancé à chaud au prix d'une interruption de service imperceptible. Quand on sait qu'à la manière d'OKL4, un service peut être une paravirtualisation de Linux, voilà qui est tout à coup extrêmement intéressant ! (en outre était présente sur le stand à l'ambiance fort sympathique, la plus agréable des expertes en café qu'il m'ait été donné de rencontrer)

La seconde journée était consacrée pour ma part (et celles de beaucoup d'autres !) aux conférences de la journée spéciale Linux Embarqué. Un compte-rendu est donc à venir dans un prochain billet. Le temps que je rajoute une licence à mes slides, pour commencer...