Avec un bon mois et demi de retard ("tout vient à point à qui sait attendre"), il était peut-être grand temps que je m'atèle au compte-rendu de la demi-journée passée à l'ARM European Technical Conference 2010 du 21 octobre, toujours au même CAP15, où je ne suis arrivé en RER C qu'en début d'après-midi. Pas avant parce que boulot, boulot -- qui accessoirement explique aussi le délai de rédaction du présent billet. Pas après parce que les Anglais savent sous-traiter ce qu'ils ne savent pas bien faire : la bouffe (je plaisante, on mange très bien à Londres, seulement jamais pour moins de 30€ -- alors que là, c'est gratuit). Cette année a signé d'ailleurs le retour de la fontaine de chocolat, et ça, il faut carrément le signaler. ARM is great.

Plaisanterie mise à part, c'est déjà l'occasion de retrouver des acteurs d'Anticyp et de former des liens avec des instituts de formation cherchant des compétences logicielles. Si vous êtes un hardeux en quête d'un formateur de qualité, jeune et dynamique, contactez-moi, j'organiserai immédiatement une rencontre avec Marie-Léona Charpentier du service formation (d'autant qu'elle commence à être formée à l'exercice, on a un bon taux de demande pour les formations en embarqué ces temps-ci). Spécialité Linux, cela va sans dire.

Les petits stands sont à peu près stables d'une année à l'autre, mais force est de constater, tout de même, un recul du logiciel ; notamment du côté de la paravirtualisation, absente du paysage. Peut-être un effet anti-boule-de-neige (ça n'aurait pas été un comble, il faisait certes froid mais encore beau, en ce temps-là), puisque dès lors qu'un concurrent n'est pas présent, pourquoi venir ? Et du côté des conf' programmées, à vrai dire, c'était un peu pareil...

Première conférence logicielle : "Making Open Source Development Easier and Faster". Comprendre : Linaro, projet poussé par ARM en consortium pour accélérer l'intégration de Linux en embarqué. J'étais curieux de savoir ce que cela donnait, en vrai, outre l'exceptionnel très-beau site web (tellement rare...) : eh bien, c'est du très sérieux ! 90 ingénieurs, une véritable organisation, issue d'une association de fondeurs regroupés autour de ARM, qui vont s'occuper de gérer kernel, chaîne de compilation et d'autres sujets immédiatement afférents (conso mémoire, debug, etc -- mais le nombre de thèmes considérés est pour l'instant limité, on ne disperse pas inutilement les ressources) pour assurer un support ARM le plus complet possible, et mettre fin aux problèmes de portabilité. En d'autres mots, ils s'occupent de la couche horizontale pour reverticaliser le marché. Une sortie tous les six mois, une ouverture complète sur les travaux menés, mais une structure de type entreprise assez figée tout de même ; pas vraiment communautaire, donc, mais fort utile par exemple pour sous-traiter l'intégration de patch de support hardware dans le noyau (opération qui prend tout de même six mois : on propose, on négocie, on repropose, c'est testé, c'est à reprendre, et finalement, c'est enfin poussé dans l'arbre, travail de longue halène, pas vrai Google ?). Donc, depuis tout ce temps, la première mouture est sortie, avec un beau gcc (avec gdb), un beau noyau et un bel u-boot. Ça promet, et c'était important.

La seconde conférence à laquelle j'ai assisté était sur Android. En fait, ça a rapidement dérivé sur une implémentation native pour faire du hack atroce (mode Frankenstein), avec le nouvel IDE tout-en-un de ARM, DS-5. Ils sont fous ces hardeux.

Mais revenons-en aux stands : plusieurs me disent qu'ils me lisent avec grand plaisir (notamment le CR de l'année dernière), même avec mes manies de name-dropping (mais je me soigne, regardez ce billet) et de longueur indécente. C'est très plaisant, ma jauge de narcissisme monte (je ne dis pas "remonte", puisqu'elle n'a jamais baissé). Bientôt je signerai des autographes. J'interroge à droite, à gauche, pour prendre le poul : ça pousse beaucoup du côté d'Android, mais ça regarde tout de même du côté de Meego (à mon avis, il vaut mieux, parce que le modèle Google a de sérieuses limites), le pauvre WinCE7 ressemble un peu à un chant du cygne : un dernier essai de Microsoft avant de considérer l'abandon du marché, si ça échoue (z'avez vu les pubs pour les téléphones sous Phone7 qui insultent la concurrence ? On n'y fait pas mention de terminal, hum...), mais ne tirons pas sur l'ambulance. On m'a demandé plusieurs fois si nous considérions donner des formations Android, ou si l'on développait dessus : oui, on développe, et bientôt-oui, une formation est en cours de rédaction ; le problème essentiel est surtout de savoir à quel niveau on se place, applicatif/Java/API ou bas-niveau/conférence ARM/attaque au burin.

Je passe d'agréables moments, notamment avec TI (qui a disséminé ses nouvelles Beagleboard sans flash -- cette manie, je ne comprends pas, rendez-moi ma flash !) et ENEA (on parle tourisme économique entre Suède et pays de l'Est sous-traitants -- on n'y fait pas du pr0n, là-bas, mais de plus en plus d'embarqué, pour de "pures raisons techniques", mais il faudra un jour que j'écrive un pamphlet à ce sujet, promis). Comme chaque année, je ne gagne aucun lot au tirage au sort (ce qui est très dommage, puisque cette année j'ai pensé rendre mon bulletin avant le tirage). Par soucis de préservation de la planète, j'ai ramené peu de documentation (ce bon karma amènera certainement quantité de contrat sur plusieurs réincarnations), les slides étant cette année en ligne (à condition de s'enregistrer, tâche hautement pénible quand on reçoit déjà en double les mails sur des boîtes pro et perso, et qu'on voudrait utiliser encore une nouvelle adresse mail...).